Enfant précoce : le reconnaître et l'aider
Vous avez l'impression que votre bambin percute tout et très vite. À tel point que vous vous posez cette question troublante : serait-il précoce ? Jean-Charles Terrassier vous explique comment le savoir et gérer la situation.
CONSEIL
Par Jean-Charles Terrassier, psychologue spécialiste des enfants précoces et président fondateur de l'ANPEIP *
À partir de quel âge peut-on savoir qu' un enfant est précoce ?
Dès 3 ans, les enfants peuvent passer des tests chez un psychologue qui pourra mesurer la quantité de vocabulaire connu, tester l'attention, la logique... Ils sont indicatifs et méritent d'être confirmés plus tard. C'est en général en deuxième année de maternelle que les parents, après plusieurs mois d'observation, se posent sérieusement la question. Ils ont pu comparer leur enfant avec ceux des autres. C'est parfois aussi un professeur ou un psychologue scolaire qui les alerte. Dans tous les cas, seules des évaluations spécifiques effectuées auprès d'un thérapeute spécialiste de la question, permettront d'établir un diagnostic précis et fiable. Les parents doivent se renseigner avant de prendre rendez-vous car certains psychologues ne pratiquent pas ces tests. Le milieu associatif pourra les diriger. En une séance de trois heures comportant une discussion et quantité de jeux, l'expert pourra rendre son verdict. A savoir, un environnement socio-culturel favorable peut fausser la donne. Il arrive alors que des enfants intelligents, équilibrés, agréables et rusés passent pour précoces jusqu'aux résultats ! Si la précocité est belle et bien démontrée, parents et professeurs pourront déterminer ensemble les solutions à mettre en œuvre pour une scolarisation adaptée aux aptitudes de l'enfant. Dans tous les cas, rien ne sert de cacher la vérité à l'enfant !
Quels signes peuvent faire penser à la précocité ?
Un enfant en avance sur les apprentissages, toujours en mouvement, curieux, enthousiaste, persévérant, fait ouvertement aveu de ses capacités intellectuelles développées. Et les parents n'hésiteront pas longtemps à lui faire passer les tests. Et pourtant, un profil d'enfant complètement différent - qui aura parlé tardivement puis soudainement de manière très structurée, qui se désintéresse de l'école, devient maussade, solitaire - exprime peut-être la même chose ! En fait, tant qu'il ne maîtrise pas un domaine, il ne s'y risque pas (ici le langage) et le niveau des apprentissages et la compagnie de ses camarades du même âge ne lui suffisent pas, d'où son ennui. Il y a autant de personnalités différentes chez les enfants précoces que chez les autres ! Voilà pourquoi les évaluations sont essentielles pour que les parents ne se trompent pas. D'autant que les enfants précoces restent malgré leur QI élevé des enfants ! Sucer son pouce n'empêche pas d'avoir envie de lire à 4 ans et demi ! Bref, il serait dommage qu'un enfant surdoué sombre dans l'échec scolaire à cause d'un manque d'informations. Bien sûr ces enfants, si on généralise, possèdent des traits communs : ils aiment communiquer, font preuve de beaucoup d'humour et de finesse d'esprit, parlent avec un langage élaboré, aiment approfondir leurs connaissances. Ils sont très souvent perfectionnistes et anxieux et supportent mal les échecs auxquels ils ne sont pas habitués. Leur talon d'Achille : le graphisme. Jugeant que la matière leur demande trop d'efforts pour peu de récompense, ils baissent vite les bras et se détournent de l'activité.
Comment les aider à s'épanouir malgré leur différence ?
Pour leur assurer une scolarité réussie, les parents doivent expliquer la situation aux professeurs. Afin que cette annonce ne soit pas interprétée comme un reproche, je conseille d'attendre une bonne occasion, un rendez-vous au cours duquel les bons résultats de l'enfant sont soulignés, par exemple. Ce premier dialogue est déterminant pour la suite : si le pédagogue se sent impliqué, il saura faire preuve de souplesse et de compréhension. Il pourra alors adapter le travail de l'enfant à son niveau, envisager un saut de classe... Quant au quotidien, il faut savoir que les enfants précoces peuvent être difficile à vivre. Ils posent beaucoup de questions, ont besoin d'activités stimulantes à longueur de journée, savent très bien user de malice pour arriver à leur fin, etc. Ne pas répondre à leur demande serait une erreur. En revanche, les parents ne doivent pas rester seuls. Pour ne pas craquer devant ce flot de sollicitations, ils ont tout intérêt à s'appuyer sur d'autres ressources qui permettent aux enfants de progresser seuls : ordinateurs, bibliothèques, ateliers de loisirs. Deuxième soutien d'importance : les associations. Elles permettent aux parents de partager ensemble les mêmes préoccupations et aux enfants de rencontrer des semblables, ce qui peut les rassurer et leur permettre de se "reposer" de temps à autre.