Météo-France: la moitié des centres météo départementaux fermés d'ici 2017
Météo-France va fermer plus de la moitié de ses centres météo départementaux d'ici 2017 pour s'adapter aux évolutions technologiques, et prévoit de réduire ses effectifs d'environ 500 personnes, ce qui suscite la colère des syndicats qui appellent à manifester jeudi à Paris.
Le Pdg de Météo-France, Pierre-Etienne Bisch, a annoncé mardi devant la presse la fermeture à partir de 2011 d'"à peu près 50%" de la centaine de centres météo départementaux, pour arriver à "une grosse quarantaine" de centres en 2017.
D'ici là, les effectifs seront aussi réduits d'environ 500 personnes par le non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux, dont environ 130 entre 2009 et 2011, sur un effectif total de 3.700 personnes, dans le cadre de la réduction des effectifs prévue dans la fonction publique.
La réduction "va porter sur l'échelon territorial", a expliqué M. Bisch, car "les évolutions technologiques nous amènent à revoir notre organisation".
"Un formidable effort d'intensification de l'équipement et d'automatisation du réseau" est en cours depuis plusieurs années, justifiant qu'il n'y ait "plus de raison d'avoir le même mode d'intervention humaine", a-t-il insisté, précisant que "ce qu'on fait actuellement sur un département, la même équipe, dans 10 ans, devra être capable de le faire sur deux départements".
Une "période transitoire" est cependant prévue pour "parachever l'adaptation technique", et il n'y aura donc "pas de fermetures de centres avant 2011", a-t-il ajouté.
Les réductions d'effectifs font suite à un rapport critique de la Cour des comptes, en mars 2005, qui estimait que "la nécessité d'une présence systématique" de Météo-France dans 92 départements était "loin d'être évidente" et que l'établissement souffrait d'un problème de sureffectif.
Météo-France compte notamment développer son secteur concurrentiel, avec ses activités de prévision-conseil (aux mairies, aux préfectures) et commerciales (aux sociétés et aux particuliers, allant des sportifs aux gestionnaires d'autoroutes en passant par les chantiers de BTP), a souligné le Pdg.
A terme, l'objectif est d'augmenter les recettes commerciales, qui s'élèvent actuellement à 14,3% du budget. Météo-France détient déjà 9/10e du marché, "mais le marché peut s'accroître, notamment à l'international", selon M Bisch.
Météo-France est un établissement public administratif depuis 1993, qui emploie 95% de fonctionnaires. La subvention de l'Etat, pour ses missions de service public (carte de vigilance, etc) représente 58,1% de ses recettes, et "l'Etat nous demande d'être plus efficace avec les dotations qu'on a", a expliqué le Pdg.
Trois syndicats de Météo-France (SPASMET/Solidaires, SNM/CGT, SNITM/FO) représentant 90% du personnel, ont appelé à la grève jeudi et prévoient un rassemblement d'au moins 700 personnes devant le siège parisien de Météo-France, quai Branly (7e), suivi d'une manifestation jusqu'au ministère de l'Ecologie et du développement durable, dont ils dépendent.
Dénonçant une "logique comptable de réduction des moyens pour les services publics", et un possible "démantèlement", ils estiment que la réduction d'effectifs entraînera "une baisse significative de la qualité du service rendu et condamnera la moitié des départements français à être privés de surveillance du climat et de prévision locale".
Fin mars, une grève avait touché 80% des centres météo selon la direction, 90% selon les syndicats. Seulement 20% des centres avaient pu produire normalement leurs bulletins de prévisions.